dimanche 9 décembre 2018

DANSE : Jerada : Un tourbillon d’ennui

         Jerada est la rencontre entre la chorégraphe marocaine Bouchra Ouizguen et la compagnie nationale norvégienne de danse contemporaine Carte Blanche. Cette performance de danse s’est jouée sur l’immense plateau de la grande salle du Centre Pompidou dans le cadre du Festival d’Automne à Paris. On en gardera des maux de crâne et un sentiment de lassitude très ancré dans nos mémoires. 




Tournez, tournez 


D’abord un, puis deux, puis trois, pour finir, ils sont quatorze. Quatorze danseurs et danseuses qui déambulent sur toute la scène effectuant des tourbillons de manière insatiable. C’est long, très long. Ce sont des tourbillons différents, certains vont vite, d’autres plus lentement. Le spectateur attend patiemment un changement, un retournement de situation, mais il pourra l’attendre longtemps. Ce petit détail qui aurait pu rendre le spectacle agréable n’arrivera jamais. Ce soir là, le spectateur devra se contenter de voir une performance cyclique où l’imaginaire est enfoui si loin qu’il est difficilement trouvable. On s’imagine quelques interprétations, sans grande conviction. Une représentation des hauts et des bas de la vie de chaque individu, qui se vêtissent de plusieurs guenilles, qui se heurtent, qui chantent, qui communiquent en tournant sur eux-même. On arrive à un simple et unique constat : ces tourbillons nous donnent le tournis, l’instant présent est désagréable, on a hâte que cela s’achève. 


Une chorégraphe autodidacte à la rencontre d’une compagnie professionnelle.

Lorsqu’on évoque les derviches tourneurs de l’ordre Mevlevi en comparaison aux mouvements des danseurs de la compagnie norvégienne, Bouchra Ouizguen indique qu’à aucun moment elle n’a souhaité faire de cette création une référence culturelle ou religieuse. Jerada est néanmoins une ville se situant au Nord Est du Maroc. En outre, la bande son de sa création est également une référence directe à ses origines, il s’agit de l’entrainante Dakka Marrakchia. Mais pour la chorégraphe, il s’agit d’une performance artistique, et rien d’autre. Son souhait était de pousser les corps dans leurs retranchements les plus profonds. Lors des premiers mois de répétitions, les danseurs de la compagnie norvégienne vomissaient à chaque session. Il a été difficile pour Bouchra Ouizguen de trouver un lien adéquat, une cohésion, avec eux. Ce qui expliquerait peut-être l’ennui dans lequel tombe le spectateur. La chorégraphe, d’origine marocaine, a pour habitude de travailler avec des danseuses marocaines qui n’ont pas de formation académique. L’institution lui a sûrement donné le tournis. Un tournis infini, une spirale infernale, qui nous laisse un goût amer d’inachevé. 

Jerada, par Bouchra Ouizguen, avec la compagnie Carte Blanche. 
Dans la grande salle du Centre Pompidou du 15 au 18 novembre 2018. Festival d’Automne à Paris.

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