dimanche 21 octobre 2018

Angèle en showcase à Paris


Jeudi 11 octobre 2018, la talentueuse chanteuse belge Angèle a donné un mini concert en plein milieu du magasin Fnac Forum des Halles à Paris. Nombreux et nombreuses étaient ses fans, retour sur un live intense et rempli de bonnes vibes.

Pochette de l'album Brol d'Angèle, sorti le 5 octobre.

       Angèle a bientôt 23 ans, en quelques mois seulement, elle a su faire ses preuves dans le monde musical et a sorti le 5 octobre dernier son premier album Brol. Son propulseur fut Instagram, le réseau social l'a élevée dans le monde des grands, et Angèle a sans aucun doute sa place dans cette  galaxie de la musique. 

Les fans parisiens de la jeune femme sont venus en masse le jeudi 11 octobre à la Fnac des Halles pour se déhancher sur les sons pop et emplis de sens de cette talentueuse autrice compositrice et interprète. Certains et certaines sont en tailleur depuis plus de quatre heures pour entendre la merveilleuse voix de leur coup de cœur musical. 18 h pile, Angèle arrive sous de chauds applaudissements de son public. Elle est émue de cette vaste marée humaine, "je n'aurais jamais pensé jouer devant tant de monde en plein milieu d'une Fnac". Son showcase débute par La Tune, puis Jalousie mais également Ta Reine, et s'achève sur ses deux premiers titres qui l'ont fait connaître : Je veux tes yeux et La loi de Murphy. Ce showcase fut court mais le public est conquis. Angèle poursuivra sa soirée à l'entrée du magasin pour dédicacer son album, en CD ou en vinyle, le public a le choix.

Angèle à la Fnac des Halles à Paris ©cassandre_th 

En attendant d'avoir l'opportunité de voir Angèle en live, n'hésitez pas une seule seconde à écouter son album, on ne s'en lasse pas. En outre, ses clips sont des pépites, elle a su s'entourer de personnes aussi talentueuses qu'elle pour lier l'art du cinéma à l'art de la musique. On pense notamment au clip de La Loi de Murphy réalisé par Charlotte Abramow mais également au tout dernier né : le clip de Tout oublier avec son frère Roméo Elvis réalisé par Brice Vdh et Léo Walk


Son album Brol est disponible depuis le 5 octobre 2018. Angèle sera en concert dans toute la France à partir du 10 novembre 2018. 



jeudi 18 octobre 2018

Littérature : Dix-Sept ans d'Eric Fottorino

Une auto-fiction inavouée

Eric Fottorino souligne son retour dans la littérature avec Dix-sept ans. Cet ouvrage 
aura eu le triste privilège de faire partie de la première sélection du prix Goncourt 2018.


      Eric Fottorino est un homme de lettres. Ancien dirigeant du journal Le Monde et co-fondateur de l’hebdomadaire Le 1, il se voue également une passion pour la littérature avec plusieurs ouvrages romanesques à son actif. Dans Dix-sept ans nous retrouvons un narrateur personnage étrangement semblable à l’auteur. Mais ce dernier insiste, il s’agit pour lui d’une pure fiction. Cette œuvre littéraire s’inscrit dans la veine de ses précédentes: une quête identitaire. Il s’agit de la pièce manquante de son puzzle familial pour mener à bien son acheminement personnel. Elle est destinée au portrait tragique de Lina, sa génitrice.

Lina a 17 ans quand elle donne naissance à son fils aîné, Eric. Elle est seule, livrée à elle-même. La relation entretenue entre le fils et sa mère est emplie de tension, et de non reconnaissance. Lina va annoncer une nouvelle qui chamboulera l’existence d’Eric. Il débutera alors un voyage initiatique sur les traces de sa mère. Un voyage qui a un doux goût du complexe d’Oedipe retardé. N’ayant pas connu sa génitrice comme sa véritable mère à l’âge enfant, l’hypothèse de ce refoulement est légitime. De plus, le narrateur personnage débute son récit en nommant Lina par «ma mère», «une jeune femme flottante» ou encore «Je suis le fils d’une pute qu’un salaud de juif a tringlé avant de se tirer» pour tendre à des appellations douces et mélodieuses comme «ma petite maman».

L’auteur dément l’idée de considérer son œuvre comme un récit autobiographie, néanmoins elle en a toutes les caractéristiques. La lecture résonne comme un journal intime, tout de même censé et adulte. Le récit se comporte de peu de rebondissements, le lecteur n’est pas tenu en haleine, la fin n’est point étonnante, la déception est à son comble. L’auteur joue sur des phrases courtes, un rythme particulièrement rapide, mais en oublie la longueur lassante donnée à ses descriptions sans fin qui se succèdent. Il dépeint le passé, en usant de polaroïds de mots vieillis. Entendez par là des images écrites de la ville de Nice, dans ses moindres recoins, qui s’enchaînent dans la tête du lecteur. A contrario, nous retrouvons une écriture très moderne, très récente qui peut tant faire référence à l’attentat du 14 juillet 2017 dans cette ville ou encore à un sujet très actuel qui est celui du suicide assisté.

La nostalgie est le maître mot de Dix-sept ans. Le parti pris de l’auteur n’est cependant pas assez revendiqué. Assumer ce récit en tant qu’autobiographie en aurait fait un récit beaucoup plus poignant, touchant et riche de sens. La prise de liberté que s’est laissée l’écrivain en accommodant des faits réels à des faits fictionnels conclut à une impossibilité d’engagement du lecteur. C’est un livre à lire entre deux rendez-vous, sur la plage, ou encore dans le métro. La question de la légitimation de cette œuvre à se retrouver dans la sélection Goncourt remet en doute les critères premiers de celle-ci.

FOTTORINO, Eric, Dix-sept ans, 2018, Gallimard, 263 pages, 20,5.

lundi 8 octobre 2018

Théâtre : Le Père, une expérience de tous les sens

      Dans le cadre de la 47ème édition du Festival d’Automne à Paris, Julien Gosselin présente à la MC 93 de Bobigny un spectacle riche et intense : Le Père. Un monologue poignant qui a pour seul comédien le talentueux Laurent Sauvage.

LE PÈRE - JULIEN GOSSELIN © SIMON GOSSELIN

L’Homme incertain


Le Père est une adaptation de l’ouvrage L’Homme incertain de Stéphanie Chaillou. Il met en scène le récit d’un agriculteur qui se retrouve face à sa vie faite de souvenirs, de nostalgie, de tristesse et de colère profonde. Julien Gosselin a été chamboulé à la lecture de cette œuvre littéraire. Le metteur en scène et l’autrice ont travaillé ensemble au découpage du texte pour offrir aux spectateurs, outre une mise en scène intense et marquante, un message fort et humaniste. « Je ne me souviens plus de mes rêves » débute Laurent Sauvage, le comédien. Il met pourtant à notre portée un voyage puissant dans ses plus profonds tréfonds oniriques. Des rêves, ou plutôt des cauchemars, qui montrent la dureté de la vie, une vie d’agriculteur perdu dans les méandres de la société actuelle. Une société de consumérisme où l’agriculture se voit déchirer petit à petit. La performance du comédien Laurent Sauvage rythme la représentation et donne un ressenti puissant et émouvant. La thématique de l’agriculture résonne de plus en plus dans le monde artistique. On la retrouve dans plusieurs créations de divers médiums, notamment le film de première œuvre Petit Paysan d’Hubert Charuel. Dans Le Père, le comédien n’est pas en quête du mimétisme ou de la représentation de la profession, mais de la passion, de l’intimité d’un agriculteur, qui est avant tout un humain.

La griffe Gosselin


Julien Gosselin convie son public à une véritable expérience riche de sens, comme il sait si bien le faire depuis ses débuts. Ce jeune metteur en scène, qui n’a rien a envié aux plus grands, signe de nouveau une adaptation d’une œuvre littéraire avec la volonté d’une dénonciation sociétale. L’aspect scénique, ce carré central de verdure, tend à rappeler aux plus avertis la mise en scène effectuée lors de son adaptation du livre Les Particules élémentaires. On retrouve également dans Le Père cet attrait pour la vidéo et l’affichage de mots en fond de scène. Ici, la scénographie tend à penser à la représentation d’un élevage industriel. De l’herbe trop verte pour être naturelle et des néons blancs qui plongent les spectateurs alors dans un univers aseptisé. La mise au noir de l’entièreté de la salle et de la scène lors des vingt premières minutes plonge le public dans une expérience de remise en question sur l’espace, les sens, les repères spatio-temporels. Ce dernier est comme spectateur intérieur du cerveau du personnage. Il est impossible d’en sortir. S’en suit alors une accélération de clignotements des néons et de la musique extradiégétique qui en devient assourdissante.

Les spectateurs sortent tourmentés et marqués par ce texte poignant, par la performance de Laurent Sauvage, seul sur scène, et par l’expérience de cette mise en scène enivrante et étourdissante.


Le Père, mis en scène par Julien Gosselin, avec Laurent Sauvage. Du 13 au 29 septembre 2018 à la MC 93.